L’Agence

A voir lundi 28 juillet 2014 à 20h25 sur RTS Un |

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Scénariste de son métier, l’Américain George Nolfi a prouvé un certain savoir-faire en la matière, notamment avec «La Vengeance dans la peau» et «Ocean’s Twelve». Troquant le «stylo» contre la caméra, il nous a fait un brin saliver en jetant son dévolu sur «Rajustement», une nouvelle de l’écrivain d’anticipation Philip K. Dick, parue en 1954. On le sait, l’auteur frappadingue de «Ubik» a souvent été adapté au cinéma, avec des fortunes diverses, de «Blade Runner» (1982) à «A Scanner Darkly» (2006) de Richard Linklater, en passant par «Total Recall» (1990) de Paul Verhoeven ou «Minority Report» (2002) de Steven Spielberg, pour ne citer que les plus réussis. C’est dire si les délires paranoïdes de K. Dick conviennent à la «puissance du faux» engendrée par la machine cinéma!

S’y frottant à son tour, Nolfi n’a gardé de la «short story» d’origine que son argument de base, soit l’idée, très prometteuse, que notre réalité est sans cesse réajustée par un organe de contrôle, mais sans que nous en prenions conscience… Promis à un brillant avenir politique, le frais émoulu David Morris (Matt Damon) croit dur comme fer à son destin: il sera Président des Etats-Unis! Un beau matin, la rencontre avec une jeune et belle danseuse (Emily Blunt) va pourtant le faire dévier de la trajectoire prévue. Tombé raide amoureux de la donzelle, David découvre alors que quelqu’un décide pour lui du cours à donner à son existence. Surgissant de nulle part, des hommes portant chapeau et gabardine grises vont en effet utiliser la manière forte pour lui faire reprendre sa ligne. Se rebellant contre l’«agence de réajustement», l’énamouré va avoir alors fort à faire pour faire valoir son libre-arbitre…

Les premières séquences du film se révèlent à la hauteur de notre attente. Ambitieuses, celles-ci instaurent un climat empli d’une «inquiétante étrangeté», un «à la manière» de René Magritte, qui aurait été recyclé par les frères Wachofsky, parfaitement servi par l’interprétation «en dedans» (underplaying) de Matt Damon, lequel pratique ce type de jeu rentré avec un art consommé. Hélas, le cinéaste ne tarde pas à transformer ce cauchemar déterministe impressionnant en bluette vaguement philosophique, où l’amour mièvre finit par bêtement triompher!

The Adjustment Bureau
de George Nolfi
Etats-Unis, 2011, 1h50