Holy Smoke

A voir lundi 26 mai 2014 à 01h15 sur Arte |

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Les héroïnes de Jane Campion sont fortes, déterminées, volontaires, ouvertes au monde et aspirent à une liberté dont elles se résignent à payer le prix. Après avoir révélé Holly Hunter dans «La Leçon de piano» (1993) et offert l’un de ses plus beaux rôles à Nicole Kidman dans «Portrait de femme» (1996), la réalisatrice néo-zélandaise divulguait toute l’étendue des talents de Kate Winslet, alors fraîchement sauvée des eaux de l’«insubmersible» Titanic.

Peu en phase avec les idées bourgeoises de sa famille, Ruth quitte l’Australie pour l’Inde, où elle tombe sous la coupe d’un gourou. Dans l’espoir de voir revenir leur fille, ses parents engagent P.J. Waters, un Américain spécialisé dans le déconditionnement des gens sous influence. Mais les jeux de pouvoir vont s’avérer bien plus complexes que prévu et P.J. aura du mal à se départir de la sensualité sauvage de Ruth…

Jane Campion range les costumes d’époque et les décors grandiloquents de ses deux précédents films au placard pour revenir à un cinéma plus épuré, ancré dans le présent. Pour autant, la cinéaste n’a rien perdu de son audace et de son attirance pour les «monstres», dans le sens marginal du terme. Avec ses formes, son accent british et sa désinhibition, Kate Winslet perce littéralement l’écran et ne recule devant aucune bizarrerie pour donner corps à la vision de la réalisatrice. Aussi, «Holy Smoke» est une déviance psychédélique qui s’assume et qui vient sonder tout ce que le commun des mortels se borne à ignorer. Et c’est là toute la singularité et le mérite de Jane Campion, poète des temps modernes.

de Jane Campion
Etats-Unis / Australie, 1998, 1h55