A voir jeudi 30 octobre 2014 à 23h30 sur TV5 Monde |
Né en 1947, le réalisateur français Benoît Jacquot appartient à la génération des cinéastes apparue dans le reflux désenchanté de la Nouvelle Vague, celle des Chantal Akerman, Philippe Garrel, André Téchiné et Jacques Doillon. Après des films pessimistes qui attestent de l’impossibilité de tenir les promesses des Godard, Rivette et compagnie, le réalisateur de «La Désenchantée» (1990) semble renaître à lui-même en tournant le dos à une œuvre jusque-là basée sur l’épure la plus glaciale.
En 1998, il rappelle Isabelle Huppert, son actrice fétiche, pour tenir le rôle principal de «L’Ecole de la chair». Adapté du roman de Yukio Mishima, l’histoire raconte les amours impossibles de Quentin et Dominique. Il est boxeur, gigolo et barman. Elle est directrice d’une maison de couture et possède bien plus d’argent qu’il n’en aura jamais. Aux antipodes l’un de l’autre, les deux amants trouvent pourtant leur équilibre. Le cœur a ses raisons que la raison ignore, mais jusqu’à quel point?
Un peu trop sage peut-être, «L’Ecole de la chair» est une étude de mœurs bien exécutée. Techniquement, Benoît Jacquot maîtrise son sujet, mais il n’a pas encore trouvé cette liberté de ton qui lui a permis de devenir un auteur accompli, ou peut-être n’a-t-il pas osé en faire trop, de peur de dénaturer le propos de Mishima. Quant à Isabelle Huppert, elle prouve comme à son habitude qu’elle est capable de tenir la barre de n’importe navire, qu’il vacille ou non.
de Benoît Jacquot
Belgique / Luxembourg / France, 1998, 1h50