A voir dimanche 4 mai 2014 à 0h10 sur France 3 |
Peu connu en dehors des frontières transalpines, Mario Camerini a pourtant été, aux côtés d’Alessandro Blasetti et Raffaello Matarazzo, l’un des réalisateurs majeurs du cinéma italien des années 1930, une période souvent reléguée à l’arrière-plan des ouvrages d’histoire du cinéma.
Auteur de plus de cinquante longs-métrages réalisés entre 1923 et 1972, Camerini a participé de façon passionnante à l’évolution du septième art italien, du muet au parlant, du noir et blanc à la couleur, jonglant avec les genres, signant dans les années trente, notamment d’excellents drames sentimentaux et comédies dans lesquelles il a dirigé un certain Vittorio de Sica…
Revus aujourd’hui, des films comme «Les Hommes, quels mufles!» («Gli uomini, che mascalzoni!», 1932), «Monsieur Max» («Il signor Max», 1937) ou «Les Grands magasins» («Grandi Magazini», 1937) frappent par leur modernité annonciatrice du néoréalisme. Opposé au fascisme, Camerini s’est toutefois résigné à délaisser durant la guerre cette veine très réaliste au profit d’adaptations littéraires mieux tolérées par la censure mussolinienne.
A la libération, les chaînes qui entravaient la liberté d’expression artistique se brisent, mais le cinéaste ne se laisse aller à un état des lieux qu’à l’occasion de «Deux lettres anonymes», puis se dirige dans la voie du film à costume et des superproductions. Eloge de la résistance, le film raconte l’histoire de Bruno et Tullio, deux amis qui choisissent des chemins opposés durant la guerre. Alors que le premier rentre dans la Résistance, le second vole la fiancée de son ami, dénonce son patron anti-fasciste et collabore avec les Allemands pour reprendre la gérance d’une imprimerie. Une œuvre engagée largement méconnue qui fait figure d’exception dans la carrière de Camerini.
Due lettere anonime
de Mario Camerini
Italie, 1940, 1h30