Un mauvais fils

A voir lundi 28 avril 2014 à 0h25 sur France 2 |

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Diplômé de l’IDHEC (Fémis) et ancien assistant, peintre génial de la bonne comme de la «mauvaise» société française, Sautet a élaboré un concept de mise en scène en adéquation parfaite avec son sujet, neutre, quasi atonal, rendant à la perfection le conformisme de ses protagonistes en proie au désenchantement. Avec un peu d’attention, le spectateur perçoit pourtant au-delà de la surface lisse des choses et des personnages comme une indignation qui couve mais ne prend jamais.

Discret, Claude Sautet a contribué à de nombreux projets dans les années 1960 (chez Cavalier, Rappeneau, Franju ou encore Deray) sans revendiquer son nom au générique. C’est que, chez Sautet, la simplicité n’est jamais aussi «simple» qu’elle en a l’air! Cet «oiseau qui chante dans son arbre généalogique» (pour reprendre un mot de Cocteau) a finalement trouvé la reconnaissance de ses pairs en livrant quatre grands films de la décennie septante — «Les Choses de la vie» (1970), «Max et les ferrailleurs» (1971), «César et Rosalie» (1972) et «Vincent, François, Paul et les autres» (1974).

En 1980, deux ans avant la disparition de Patrick Dewaere, le cinéaste lui offre un rôle taillé sur mesure dans «Un mauvais fils». Parti aux Etats-Unis durant six ans, Bruno Calgagni y purge notamment une peine de prison pour trafic et consommation de drogue. Lorsqu’il revient en France, sa mère est décédée et son père (Yves Robert) a vite fait de le lui faire payer. Il trouve alors un emploi de libraire et s’éprend de Catherine, sa collègue et ancienne toxicomane de surcroît…

Si Claude Sautet fait une infidélité aux bourgeois pour parler du petit peuple, il s’intéresse davantage à la relation entre le mauvais fils et son père qu’au milieu social qu’il décrit. De cette relation naît le portrait d’un homme seul et inquiet, justement interprété par l’acteur que le cinéaste a choisi pour sa «vulnérabilité populaire». Un drame humain d’une grande modernité.

de Claude Sautet
France, 1980, 1h50