A voir lundi 17 mars 2014 à 20h45 sur Gulli |
Cinéaste oublié à redécouvrir, Julien Duvivier (1896-1967) a laissé une œuvre abondante derrière lui (soixante-huit longs-métrages) constituée, entre autres, de remarquables adaptations de Georges Simenon. Pessimiste et tourmenté, Duvivier a connu son apogée durant les années trente, signant quelques-uns de ses films-clefs, reflets d’une période très particulière de l’histoire de France, avec «Poil de Carotte» (1932), «La tête d’un homme» (1933), «Pépé le Moko» (1935), «Un Carnet de bal» (1937).
Cinq ans avant sa disparition en 1967, le cinéaste réalise «Le Diable et les Dix Commandements», un film à sketches basé sur le Décalogue, composé de sept scénettes pour le moins anticléricales. A l’écriture, Henri Jeanson, René Barjavel, Maurice Bessy et Michel Audiard distillent leur bas goût légendaire et prêtent leurs bons mots aux plus grands noms du cinéma français de l’époque. Parmi eux, les représentants de la très décriée «Qualité française»: Micheline Presle, Danielle Darrieux, Michel Simon, Lino Ventura, Fernandel, Louis de Funès, mais aussi les porte-drapeaux de la Nouvelle Vague: Alain Delon, Jean-Claude Brialy et Charles Aznavour (pour ne citer qu’eux).
De menus larcins à la folie de Dieu, en passant par la découverte d’un lien filial depuis trop longtemps asphyxié, «Le Diable et les Dix Commandements» raconte et montre énormément de choses, tant sur le sujet qu’il se propose d’adapter, que sur le cinéma de Duvivier. Ce foisonnement a valu au film des critiques contrastées, insistant sur la qualité inégale des différents sketchs qui le composent. Ce n’est qu’en prenant des rides que ce réjouissant blasphème a trouvé ses défenseurs, et notamment Gérard Lefort qui, en 1982, clamait haut et fort dans les colonnes de Libération: «Qu’un Duvivier se lève et montre aux abrutis de la Nouvelle Qualité Française ce dont le cinéma populaire est capable!»
de Julien Duvivier
Italie / France, 1962, 2h