A voir dimanche 12 janvier 2014 à 0h25 sur France 3 |
Cinéaste oublié à redécouvrir, Julien Duvivier (1896-1967) a laissé une œuvre abondante derrière lui (soixante-huit longs-métrages). Pessimiste et tourmenté, Duvivier a connu son apogée durant les années trente, signant quelques-uns des films-clefs de cette période très particulière de l’histoire de France, avec «Poil de Carotte», «Golgotha», «La tête d’un homme» (l’une des meilleures adaptations de Simenon), «Pépé le Moko» ou encore «Un Carnet de bal».
Durant cette même décennie, il adapte «Le Paquebot Tenacity», une pièce écrite par Charles Vildrac dans les années 1920. Les temps sont durs à Paris et la promesse d’un eldorado canadien décide Bastien et Ségard à prendre un aller simple à bord du paquebot Tenacity. La veille de leur embarquement, ils rencontrent Thérèse, une belle et jeune serveuse qui refrénera les ardeurs de voyage de l’un des deux compères.
Tombé aux oubliettes suite à un accueil critique pour le moins partagé, «Le Paquebot Tenacity» fut redécouvert au Japon bien des années plus tard et rappelé au souvenir des Français grâce à Patrick Brion qui en organisa une diffusion télévisée en 1986. Annonçant les thèmes du «réalisme poétique», moins pour ses scènes tournées majoritairement en studio que ses thèmes, le film fait de la désillusion mélancolique sa préoccupation principale et à travers les relations que les protagonistes tissent entre eux, initie les amitiés contrariées de «La Belle équipe» (1936). Face au refoulement, aux frustrations, aux amours sans lendemain et à la fatalité qui touchent Bastien et Ségard, le spectateur sent s’éveiller en lui des sensations familières qui lui rappellent que l’Homme est bien peu de chose, si ce n’est le jouet du destin.
de Julien Duvivier
France, 1934, 1h30