A voir mardi 26 avril 2016 à 13h35 sur Arte |
King Vidor n’était pas du genre à se laisser facilement dicter sa loi par les studios. Ainsi, mû par une volonté de dépeindre une vision épique du monde, où la nature et les individus s’entremêlent comme dans une danse, le cinéaste a fait siens tous les matériaux qu’il a portés à l’image. Son goût pour les mises en scènes démesurées et les échanges amoureux destructeurs ont engendré de véritables prouesses lyriques, que ce soit à l’époque du muet, «The Big Parade» (1926), ou du parlant, « Northwest Passage» (1940), «The Fountainhead» (1949). En 1959, il s’attelle à mettre en image un épisode très librement adapté de l’Ancien Testament (en dépit d’une censure religieuse extrêmement sévère à cette époque) et en tire ce que l’on pourrait considérer comme un bilan peu impartial des relations israélo-palestiniennes litigieuses à l’aube des années 1960.
Mille ans avant Jésus-Christ, David, alors roi de la Terre d’Israël, transmet le pouvoir à son fils Salomon. Menacé par Adonias, son propre frère, qui convoite le trône et par son voisin égyptien, le pharaon Siamon, qui prépare une invasion sanglante, Salomon tente tant bien que mal de maintenir la paix. Siamon s’allie à la reine de Saba pour qu’elle séduise le nouveau roi d’Israël afin de l’anéantir sans trop de difficulté. Mais la jeune femme tombe sous le charme de cet homme sage et intègre.
King Vidor se joua de malchance durant ce qui allait devenir son dernier long-métrage. En effet, à dix jours du clap final, Tyrone Power, qui tenait le rôle de Salomon, décède d’une crise cardiaque. Devant l’impossibilité de faire illusion en grimant un nouvel acteur, King Vidor se voit contrait de filmer une nouvelle fois la quasi-totalité des scènes du film. Yul Brynner devint le nouveau Salomon. Pour autant, le cinéaste n’a aucunement baissé les bras, livrant l’un des plus beaux péplums de l’histoire du cinéma. Grandiloquence en Technicolor, «Salomon et la reine de Saba» se clôt sur des scènes de combat épiques et flamboyantes, dignes de son anthologique «Duel au soleil» (1946).
Solomon and Sheba
de King Vidor
Etats-Unis, 1958, 2h