A voir dimanche 5 janvier janvier 2014 à 0h26 sur France 3 |
En 1940, à l’âge de dix-neuf ans, Stanley Donen est engagé comme danseur à Broadway dans un spectacle dont Gene Kelly, de douze ans son aîné, est la vedette. Engagé par la Metro-Goldwyn-Mayer pour jouer dans la version filmée de cette comédie musicale, Donen est ensuite gardé sous contrat par la MGM au titre d’assistant-metteur en scène. Prenant du grade, il signe notamment les chorégraphies de «Living In A Big Way» (1947) de l’excellent Gregory La Cava, où Kelly joue le premier rôle.
Collaborant dès lors ensemble, les deux compères vont révolutionner la comédie musicale en l’extirpant en douce de sa gangue réaliste. Avant ce coup de force, la plupart des films du genre avaient en effet pour décor la salle de spectacle où les protagonistes montaient et répétaient une comédie musicale. Grâce à ce subterfuge, le réalisme, pierre angulaire du système hollywoodien, était sauvé.
En coréalisant «Un jour à New York» («On The Town», 1950), «Chantons sous la pluie» («Singin’ In The Rain», 1952) et «Beau fixe sur New York» («It’s Always Fair Weather», 1955), ils rendent indiscernable la limite entre la scène et la réalité, selon le principe: «The world is a stage, the stage is a world». Tourné une année après l’ineffable «Chantons sous la pluie», «Donnez-lui une chance» («Give A Girl A Break»), que Donen réalise en solo, constitue un malicieux retour à la tradition dont il extrait avec une aisance merveilleuse toute la quintessence…
Le producteur Leo Belney (Kurt Kasznar), le metteur en scène Ted Sturgis (Gower Champion) et le compositeur Felix Jordan (Larry Keating) en sont aux derniers préparatifs de leur prochain spectacle musical à Broadway lorsque la chanteuse vedette Janet Hallson (Dona Martell) rompt son contrat après une dispute. Aidés de leur assistant, Bob Dowdy (Bob Fosse), ils auditionnent alors des débutantes. Trois d’entre elles sont retenues en vue du choix final: Madelyne Corlane (Marge Champion), ancienne compagne et partenaire de Ted; Joanna Moss (Helen Wood) pour laquelle Leo a un faible; enfin, Suzy Doolittle (Debbie Reynolds), dont Bob s’éprend…
Si l’histoire reste assez banale, Donen lui confère un tel rythme que le plus endurci des spectateurs ne manquera pas de baisser les armes (à la condition bien sûr qu’il apprécie le genre) et se laissera emporter par cette comédie absolument délectable, célébrant la danse et son pouvoir euphorisant!
Give the Girl a Break
de Stanley Donen
Etats-Unis, 1953, 1h22