Le Zinzin d’Hollywood

A voir vendredi 10 janvier 2014 à 13h35 sur Arte |

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Renvoyé de l’école à l’âge de quinze ans, l’acteur et réalisateur Jerry Lewis est sans nul doute l’un de nos grands cinéastes comiques parmi les plus sous-estimés. Dédaigné par la critique américain, adoubé par quelques critiques français clairvoyants, il n’a de loin pas obtenu la reconnaissance qu’il mérite pourtant. Après avoir joué en tandem dans les années cinquante avec Dean Martin à seize reprises, Lewis prend son indépendance et peut alors développer comme il l’entend son personnage de grand dadais en perpétuelle situation d’échec, et par là-même parfaitement inadapté à l’«american way of life».

Grâce au réalisateur Frank Tashlin, qui le dirige dans trois comédies à succès, Lewis devient l’une des grandes vedettes de la Paramount et peu dès lors prétendre à réaliser lui-même ses films, ce qu’il fait dès 1960 avec l’excellent «Le Dingue du Palace» («The Bellboy»). Tourné en 1962, soit une année après le formidable «Le Tombeur de ces dames» («The Ladie’s Man»), qui narre l’infortune d’un célibataire timide reclus dans une pension pour dames, «The Errand Boy» («Le Zinzin d’Hollywood») n’a certes pas la même puissance corrosive, mais il n’en demeure pas moins une charge délicieusement iconoclaste contre la bêtise des grands studios…

Colleur d’affiches inoffensif, Morty (Jerry Lewis) est chargé d’enquêter discrètement sur le manque de productivité de la Paramutual, un mot-valise révélateur qui accole aux quatre premières lettres de la Paramount le nom de la société où Charlie Chaplin a pu laisser libre cours à son génie! Seul problème, Morty fait souffler un vent de folie destructeur partout là où il passe, semant une pagaille monstre sur les plateaux… Sur le point d’être renvoyé, il sabote encore sans le faire exprès une réception somptueuse donnée en l’honneur d’une grande star. De manière tout à fait involontaire, Morty gagne ainsi ses galons de vedette burlesque de la Paramutual! Lewis rend un hommage manifeste au «Cirque» (1928) où Charlot, par ses maladresses, faisait tout aussi involontairement rire le public.

The Errand Boy
de Jerry Lewis
Etats-Unis, 1961, 1h32