A voir dimanche 4 août 2013 à 0h10 sur France 3 |
Né en 1922 à Bologne, mort en 1982 à Vérone, Valerio Zurlini est un grand cinéaste de l’émotion intime. Partant, il détonne (discrètement) dans l’histoire très engagée du cinéma italien de l’après-guerre. Metteur en scène exigeant, en butte à l’incompréhension des producteurs, le réalisateur du «Désert des Tartares» n’a réalisé que huit films en vingt ans de carrière.
Filmant à l’écart des métropoles italiennes (à Rimini, Riccione ou Florence), Zurlini a cherché à mettre en évidence les réalités intérieures de ses protagonistes. Redécouvert aujourd’hui, il acquiert une actualité étonnante dans sa manière de saisir le profond dissentiment que ressentent des êtres qui ont été comme «jetés dans le monde»…
Dans «Journal intime» («Cronaca familiare», 1962), son quatrième long-métrage adapté d’un roman de Pratolini, Zurlini retrace les impossibles retrouvailles entre deux frères (interprétés par Marcello Mastroianni et Jacques Perrin) qui ont été séparés dans leur enfance. Procédant par plans-séquences magnifiés par la photographie de Giuseppe Rotunno, il accomplit une sidérante description à contre-jour de nos territoires les plus secrets.
Dans ce chef-d’œuvre profond, où se pose la question, lancinante, de savoir qui restera pour tenter de dire le peu qu’il est restée d’une vie, le spectateur est littéralement «exposé» à un grand moment de cinéma, du temps où les cinéastes osaient encore faire tourner le dos à leurs acteurs pour «montrer moins» mais en dire plus!
Cronaca familiare
de Valerio Zurlini
Italie, 1962, 1h54