A voir lundi 9 novembre 2015 à 0h30 sur France 2 |
Mettant fin à un exil mexicain très productif, le «républicain» Luis Buñuel revient en Espagne franquiste au début des années soixante pour y tourner en catimini «Viridiana». Palme d’or à Cannes en 1961, le vingt-cinquième long-métrage du réalisateur du «Chien andalou» (1929) est interdit par les censeurs ibères en raison de son caractère blasphématoire (le responsable de la censure y perdit son poste). Cette interdiction ne sera levée qu’en 1977, soit trois ans après la mort de Franco.
Novice, Viridiana (Silvia Pinal) doit faire une ultime visite à son oncle Don Jaime (Francisco Rabal) avant de prononcer ses vœux… Frustré sexuellement depuis la mort de sa femme, survenue le soir de ses noces, Don Jaime tente d’abuser de la jeune religieuse qui réussit à lui échapper. Honteux, il se pend. Héritant de son domaine, Viridiana, dans un élan de charité, décide d’y accueillir infirmes et nécessiteux qui vont en faire une véritable cour des miracles… Commence pour elle, un véritable chemin de croix à rebours, à la fin duquel elle offrira sa virginité à bien plaire…
Lisse et très classique en apparence, ce chef-d’œuvre immortel atteint à une force provocatrice sans précédent dans l’Histoire du cinéma. Morigénant la religion «qui stérilise tout ce qu’elle touche», Buñuel détourne de façon réjouissante les images les plus révérées, dont celle de la Cène, pour faire triompher l’élan vital de la vie… Cinquante ans plus tard, son film n’a absolument rien perdu de son incroyable pouvoir subversif!
de Luis Buñuel
Espagne / Mexique, 1961, 1h30