A voir mardi 23 août 2016 à 22h55 sur France 3 |
Le cinéaste français Jean-Pierre Melville (1917-1973) occupe une place unique dans le cinéma français. Avec Marcel Pagnol, il est l’un des rares à s’être doté d’une société de production qui lui assure une orgueilleuse indépendance. Dans ses studios installés rue Jenner à Paris, il élabore un cinéma d’auteur fascinant qui lui vaudra l’admiration sincère de la Nouvelle Vague encore vagissante.
Entre 1949 et 1972, Melville tourne avec un souci du perfectionnisme absolu treize longs-métrages dont sept empruntent au policier. La plupart ont récolté un grand succès public, ce qui ne laisse pas d’étonner, en regard de leur austérité et de la déconstruction froide du genre à laquelle se prête le réalisateur du «Samouraï».
Sorti en 1970, «Le Cercle rouge» constitue son avant-dernier film. Comme toujours, Melville en est l’auteur exclusif, signant aussi le scénario original. Film marqué par l’absence des femmes et de tout transport amoureux, ce polar glacial décrit l’impossibilité du casse parfait et la traque impitoyable qui en résulte, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Jeune truand au casier judiciaire encore vierge, Corey (Alain Delon) fait équipe avec l’expérimenté Vogel (Gian Maria Volontè) et Jansen (Yves Montand), un ancien flic radié pour un alcoolisme dont il semble s’être extirpé. Après avoir cambriolé une bijouterie pourtant réputée inexpugnable, ils sont pris en chasse par le commissaire Mattei (joué par Bourvil qui prouve quel grand acteur dramatique il aurait pu être).
Loin de faire un panégyrique des truands, Melville les montre régis par des codes masculins dépourvus de toute humanité qui les rend littéralement fantomatiques, comme déjà morts et ridicules. Idem pour le flic qui les traque, mu par un ressentiment pour le moins ambigu!
de Jean-Pierre Melville
France / Italie, 1970, 2h30