Beaufort

A voir lundi 18 août 2014 à 23h45 sur France 2 |

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Avant de recevoir la Palme du meilleur scénario en 2011 pour «Footnote» qui retraçait les rivalités entre un père et un fils, tous deux chercheurs en études talmudiques, Joseph Cedar avait remporté un Ours d’Argent à la Berlinale pour son film précédent, «Beaufort». Dans ce troisième opus déjà, le cinéaste israélien qui adapte le roman éponyme de Ron Leshem, se distingue par une dramaturgie captivante, alors que son film se déroule à huit clos, sans ouverture vers l’extérieur.

Pour ne pas donner l’impression d’une défaite, l’armée israélienne prend le parti en 2000 de se retirer progressivement et sans grande pompe de sa base du château de Beaufort à la frontière libanaise, où elle est constamment victime des tirs du Hezbollah. Les jeunes soldats pâtissent de la longue attente à laquelle ils sont contraints, perdant le sens de leur mission, et peu à peu la raison. Alors que la menace d’une nouvelle attaque plane, les hommes se replient une fois de plus dans l’antre du fort, confrontés à leurs contradictions, leurs peurs et leurs espoirs. Le cinéaste admet s’être inspiré des films de tranchées de la Première Guerre mondiale, au rang desquels le puissant «Sentiers de la gloire» de Kubrick.

A travers le destin de ces soldats qui se racontent leurs vies et leurs amours à défaut de les vivre et au risque de les perdre, Cedar qui a lui-même servi au fort Beaufort met en lumière la dure réalité d’un pays en guerre constante contre ses voisins, et qui s’obstine à y impliquer ses citoyens. Si l’on peut regretter un manque de jalons contextuels dans un premier temps, on saisira que «Beaufort» s’appuie précisément sur ses acteurs magnifiquement dirigés, dont l’humanité et les interrogations exacerbent encore davantage la tragédie que représente leur destin guerrier.

de Joseph Cedar
Israël, 2007, 2h