A voir lundi 14 septembre 2015 à 1h15 sur France 2 |
Le réalisateur polonais Krzysztof Kieslowski avait acquis la reconnaissance internationale avec le «Décalogue», un ensemble de dix moyens-métrages basés sur les Dix Commandements et tournés en moins de deux ans. Décédé le 13 mars 1996 à l’âge de 55 ans à Varsovie, l’auteur de «La Double Vie de Véronique» (1991) laisse derrière lui une œuvre passionnante, à l’image de sa trilogie intitulée «Trois Couleurs: Bleu, Blanc, Rouge», saluée par des prix prestigieux: Lion d’or à Venise pour «Bleu» en 1992, Ours d’argent à Berlin en 1994 pour «Blanc», César de la musique pour «Rouge» en 1995.
Marqués par le refus du hasard, ainsi que par une froideur pessimiste mais ô combien authentique et révélatrice, ces trois films ne constituent pas des suites à proprement parler mais se répondent les uns les autres par les passerelles et les échos que crée Kieslowski. Portant sur les trois termes de la devise française «Liberté, Egalité, Fraternité», ils mettent ces valeurs en images, non seulement en les associant visuellement à chaque fois à une couleur spécifique, mais aussi et surtout en plaçant les personnages dans des situations délicates, qui les remettent justement en question…
Débutant par un événement tragique, «Bleu» introduit d’emblée son héroïne (interprétée par une Juliette Binoche d’une grande sobriété) dans un état psychologique infiniment douloureux. Pour se prémunir, celle-ci se met naturellement à refuser de ressentir toute émotion, ce qui provoque chez le spectateur un sentiment de gêne et de fascination pour le personnage. Récit extraordinaire d’un deuil ordinaire, le film montre alors son héroïne revenir de façon inéluctable à la vie, sous des reflets bleus et sur un concerto inoubliable du génial compositeur polonais Zbigniew Preisner, pour ce qui constitue sans doute le chef-d’œuvre de Kieslovski!
Trzy kolory: Niebieski
de Krzysztof Kieslowski
Suisse / Pologne / France, 1993, 1h40