A voir vendredi 14 mars 2014 à 13h30 sur Arte |
Depuis la fin des années 1950, Hollywood renforce sa lutte contre le racisme qui gangrène la société américaine et encourage la production de films mettant en scène des personnages noirs aux destins contrariés, à l’instar du fameux mélodrame de Douglas Sirk, «Le Mirage de la vie». Moins percutant et flamboyant, plus opportuniste mais peut-être tout aussi efficace avec sa brochette d’acteurs célébrissimes, «Devine qui vient dîner?» s’inscrit dans la même veine.
Issue d’une famille libérale et antiraciste, Joey (Katharine Houghton) décide de présenter son fiancé à ses parents, Matt et Christina Drayton (Spencer Tracy et Katharine Hepburn). Médecin et sous-directeur de l’Organisation mondiale de la santé, John Prentice (Sidney Poitier) et non seulement 15 ans plus âgé que Joey, mais en plus il est noir. Cet état de fait confronte les parents de la jeune fille à leurs valeurs fondamentales, d’autant plus que le jeune couple leur met un ultimatum: Joey prévoit de se marier deux semaines plus tard en Suisse, et John explique aux des parents qu’il n’épouserait leur fille qu’avec leur consentement sans réserve. D’autre part, John tente également de faire évoluer les valeurs rétrogrades de son propre père, qui a intégré une vision inégalitaire de la société entre les blancs et les noirs, les hommes et les femmes…
Si le mélodrame de Stanley Kramer ambitionne certes de faire évoluer les mentalités américaines, il le fait avec une lourdeur qui pourrait être préjudiciable à la cause antiraciste. Il assure néanmoins ses arrières (commerciales) en marchant sur un terrain conquis: Sidney Poitier a déjà remporté l’Oscar du meilleur acteur trois ans plus tôt pour «Le Lys des champs» (1964) de Homer Smith, un film gentillet qui montre que les noirs peuvent être des personnes serviables et charitables… D’autre part, l’attrait principal du film est indéniablement un des couples les plus glamours du cinéma hollywoodien: Spencer Tracy et Katharine Hepburn, neuf fois réunis à l’écran et amants adultères à la ville… D’ailleurs c’est essentiellement sur ces deux gloires du septième art et leurs Oscars respectifs que la promotion du film est orientée.
Guess who’s Coming to Dinner
de Stanley Kramer
Etats-Unis, 1967, 1h48