A voir jeudi 16 avril 2015 à 13h40 sur Arte |
Muté à la brigade des stup’, Lulu (Didier Bezace) est un flic zélé, qui met tout en œuvre pour démanteler un gros réseau de trafiquants de drogues. Pour arriver à ses fins et bénéficier de la confiance de ses indicateurs, il est contraint à vivre à proximité des dealers et consommateurs, pour lesquels il développe une empathie grandissante. Le travail de Lulu est anéanti par une intervention pilotée par son supérieur Dodo (Jean-Paul Comart), qui privilégie l’arrestation de petits revendeurs en marge du réseau, indifférent aux conséquences sociales de sa démarche.
Le titre du film se réfère à une loi qui prohibe la vente et la consommation de stupéfiants. Tavernier collabore avec un ex-flic de la brigade des stup’ pour l’écriture du scénario. Observant la misère sociale, la déchéance physiologique et psychologique que la dépendance à la drogue entraîne à l’heure où aucun médicament ne permet de sevrer les consommateurs, Tavernier remet en question l’efficacité de la lutte policière en la matière: il dénonce le manque de moyens mis à la disposition des stup’, et condamne la «politique du chiffre» – que l’ère Sarkozy contribuera d’ailleurs à renforcer – qui enjoint les policiers à privilégier les arrestations quantitatives plutôt que qualitatives.
«L.627» est un film policier qui rompt avec l’esthétique classique du genre, abandonnant la course poursuite en plans larges au bénéfice de la filature, filmée à l’épaule, en longue focale, nerveuse. Si Bertrand Tavernier poursuit dans cette veine avec «L’Appât» en 1995, son style dynamique et proche des personnages est récupéré par la plupart des séries policières françaises produites à partir des années 90.
de Bertrand Tavernier
France, 1992, 2h25