El Sicario – Room 164

A voir lundi 3 octobre 2016 à 0h10 sur Arte |

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Deux ans après le mémorable «Below Sea Level», chronique d’une société en marge du capitalisme, installée à une altitude négative quelque part dans le désert brûlant de Californie, Gianfranco Rosi revient avec un troisième film à couper le souffle… et les jambes.

Installé dans une chambre de motel qui prend la forme d’une cellule à fur et à mesure que le film avance, couvert des pieds à la tête d’une tunique noire et muni d’un cahier dans lequel il fait des croquis pour étayer son discours, un homme raconte son métier. Un métier qu’il a décidé de fuir, avec femme et enfants, mais qui le poursuivra toute sa vie. «El sicario», un tueur à gages: au service de la mafia de Ciudad Juáres depuis l’adolescence, l’homme a commis les pires exactions, kidnappings, assassinats et tortures, conformément aux usages. Il raconte tout, dans les moindres détails. Soumis à la mafia durant toute sa vie, il se soumet maintenant à la religion, tout aussi aveuglément. Son espoir ne peut résider que dans la foi. En dehors de cette chambre 164, la pire des morts l’attend, celle réservée aux traîtres.

Chantre du cinéma direct, Gianfranco Rosi donne une nouvelle fois à voir et à entendre une facette inaccessible de «l’humanité», si l’on peut s’exprimer ainsi. La force du cinéaste réside dans son habileté à gagner la confiance de personnages auxquels la vie a pourtant enseigné de ne plus jamais faire confiance. Il saisit leur réalité et sait la transmettre avec une intensité dramaturgie incomparable.

de Gianfranco Rosi
Italie, 2010, 52min