Tonnerre sous les Tropiques

A voir mardi 21 janvier 2014 à 23h05 sur RTS Deux |

Depuis belle lurette, les cinéastes américains ne craignent pas d’écorner certains genres cinématographiques un peu trop héroïques. En 1970, en pleine guerre du Vietnam, le regretté Robert Altman avait déjà dépassé les limites avec «MASH», chronique cynique et anarchique d’une antenne chirurgicale œuvrant sur le front coréen. Plus près de nous, «Les rois du désert» (1999) de David O. Russel voyait Georges Clooney ridiculiser la (deuxième) guerre du golfe en piquant le trésor de guerre de Saddam Hussein. Sur le mode du film dans le film, «Tonnerre sous les tropiques» hausse encore la visée, plombant des films-clefs comme «Apocalypse Now» (1979), «Platoon» (1986) ou «Rambo 2».

Star déclinante du cinéma d’action, Tugg Speedman (Ben Stiller) a grand besoin de se refaire une notoriété. Il accepte donc volontiers l’offre de Damien Cockburn (Steve Coogan) qui s’apprête à tourner le «plus grand film de guerre de tous les temps». Pour lui donner la réplique, le réalisateur lui adjoint quelques personnalités, dont Jeff Portnoy (Jack Black), acteur de bas étage et pétomane qui rêve de devenir une star, ou encore Kirk Lazarus (Robert Downey Jr.), fanatique jusqu’à la bêtise des méthodes intériorisantes de l’Actors Studio… Las, Cockburn dépasse très rapidement le budget alloué par la production qui met le holà à l’entreprise. Tenace, le cinéaste entraîne alors son équipe dans la jungle pour continuer le tournage de façon autrement réaliste, au point que le réalisateur finit littéralement déchiqueté, abandonnant ses acteurs à eux-mêmes dans un milieu très hostile.

Mélange de détonnant de très mauvais goût et de traits assassins, «Tonnerre sous les tropiques» a suscité moult réactions indignées aux Etats-Unis, ce qui est plutôt bon signe. Le représentant d’une association de handicapés a appelé au boycott du film, sous prétexte que le mot «attardé» y est prononcé à des dizaines de reprises. Idem pour le personnage joué par Robert Downey Jr qui s’est fait pigmenter la peau dans l’espoir de décrocher un oscar que l’on donnerait aujourd’hui plus facilement à un Noir… Comme quoi la critique des hypocrisies du politiquement correct passe encore très mal au pays de l’Oncle Sam!

Tropic Thunder
de Ben Stiller
Etats-Unis / Allemagne, 2008, 1h48