Tirez sur le pianiste

A voir jeudi 23 juin 2016 à 23h30 sur TV5 Monde |

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Avec une détermination qui rend stupides toutes les accusations de complaisance portées à son encontre, François Truffaut a toujours tourné un film contre l’autre; s’efforçant de réussir le «grand écart» qui consiste à vouloir faire à chaque fois autre chose que ce à quoi le public s’attend, mais sans jamais s’aliéner ce dernier.

Après avoir appelé en tant que critique (féroce) à la liquidation d’une «certaine tendance du cinéma français», Truffaut se moque dès son deuxième long-métrage de l’orthodoxie réaliste de cette Nouvelle Vague, dont il avait pourtant signé l’un des manifestes avec «Les quatre cent coups» (1959), en s’abandonnant dans «Tirez sur le pianiste» (1960) à l’ivresse de la grammaire cinématographique.

Pianiste pianotant dans un bistrot, le grisâtre Charlie Kohler (Charles Aznavour) est un ex-virtuose qui a tout plaqué après le suicide de sa femme qui avait couché avec son imprésario pour favoriser la réussite de son mari. Tout se précipite le jour où son petit frère débarque dans le bastringue…

Adaptant un roman noir de David Goodis, Truffaut allie humour absurde et mélancolie profonde, tout en faisant preuve d’une virtuosité technique assez extraordinaire pour le «débutant» qu’il est encore! Le futur réalisateur de «Jules et Jim» (1962) use en effet de toutes les ficelles du récit cinématographique (retours en arrière, écran divisé, ellipses, surimpressions, voix «off»… ), qu’il entrelace à loisir dans un film d’équilibriste à nul autre pareil!

de François Truffaut
France, 1960, 1h30