Le Parrain III

A voir jeudi 9 février 2017 à 1h40 sur Arte |

En 1990, Coppola est revenu de son rêve d’indépendance absolue. Depuis l’échec du sublime mais par trop audacieux «Coup de cœur» (1982), l’«auteur de films» a appris à pactiser avec le «système» qui reconnaît toutefois son savoir-faire. Désireux de renouer avec le grand public, il cède une deuxième fois à la Paramount qui lui réclame à cors et à cris le troisième volet de sa saga maffieuse.

Avec une audace merveilleuse, le réalisateur de «Apocalypse Now» implique son protagoniste à des faits d’actualité retentissants, comme le scandale de la banque Ambrosiano, l’affaire Calvi ou la mort «suspecte» de Jean-Paul I en 1978… Ce faisant, il donne une coda stupéfiante à cette œuvre filmée sous la contrainte, qui constitue encore et toujours une allégorie de sa condition de cinéaste cheminant en territoire hollywoodien.

Coppola y établit en effet un parallèle éclairant entre ses propres compromissions et la nécessité pour Mike Corleone devenu sexagénaire (Al Pacino) d’accepter de nouvelles règles du jeu et des successeurs peu reluisants… A travers la trilogie du Parrain, en satisfaisant à chaque fois à la commande, le cinéaste n’aura donc cessé de s’interroger sur le «prix» à payer pour pouvoir continuer à faire carrière.

Dans un final frénétique au montage éblouissant, sur les accents de «Cavalleria rusticana», opéra tragique et sicilien en un acte de Pietro Mascagni, Coppola n’hésite pas à sacrifier symboliquement sa propre fille. On ne peut être plus clair!

The Godfather: Part III
de Francis Ford Coppola
Etats-Unis, 1990, 2h40