A voir mardi 15 janvier 2013 à 0h20 sur RTS Un |
Après un «Princesses» (2000) mitigé, la cinéaste française Sylvie Verheyde signe un troisième long-métrage autrement convaincant. Largement autobiographique, cette chronique sensible de la préadolescence commence à la fin de l’été 1977. A dix ans passés, Stella (Léora Barbara) entre en sixième dans un lycée huppé de Paris. Ballon de football sous le bras, elle devient rapidement la risée de ses jeunes camarades très protégées qui se moquent de ses manières peu conventionnelles. Mais la nouvelle se fait vite respecter en crachant sur un garçon qui lui cherche noise.
Le soir venu, Stella a hâte de reprendre le métro pour réintégrer le bercail familial, un bistrot de quartier, tenu par ses jeunes parents et fréquenté par de redoutables épaves. Malgré une mère imprévisible (Karole Rocher) et un père dragueur et défait (Benjamin Biolay), la jeunette se sent parfaitement à son aise dans cet univers alcoolisé et enfumé, rythmé par les ritournelles simplettes de l’époque, fredonnées par Sheila, Eddy Mitchell et autre Daniel Guichard. Très loin de cultiver une nostalgie pour un temps révolu, la réalisatrice décrit sans fard la valse-hésitation de son héroïne, partagée entre ses rêves de gamine et les premiers émois de sa sexualité naissante. Par le biais d’une voix intérieure remarquable de justesse, Stella commente son petit monde dont le vernis commence à craqueler, à commencer par son père et sa mère qui ne font plus mystère de leur désamour.
L’ex-petite fille cherche alors un peu de réconfort dans la compagnie d’un clodo magnifique (Guillaume Depardieu dans l’un de ses derniers rôles) qui imite à merveille la signature de ses parents. Stella trouve cependant son vrai salut dans la littérature. Grâce à une amie du lycée, qui ne lui ressemble en rien, elle palliera les défaillances du réel en plongeant tête la première dans Duras et Cocteau!
de Sylvie Verheyde
France, 2007, 1h39