Jugé coupable

A voir jeudi 1er septembre 2016 à 23h15 sur France 3 |

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Dans son vingt-et-unième film, à soixante-huit ans (l’année où les vertus érectiles du viagra ont été démontrées), Clint Eastwood endosse le rôle de Steve Everett, un journaliste sur le déclin, coureur de jupons en proie à des soucis d’alcool. Voici l’occasion pour l’homme (et le cinéaste?) de redorer son blason dans une course contre la montre où il tente de démontrer l’innocence de Franck Beechum (Isaiah Washington), un garagiste black sur le point de recevoir une injection létale pour le meurtre d’une jeune femme blanche.

A la porte du troisième âge, le prolifique réalisateur se taille un personnage sur mesure, cow-boy bon vivant à la quête de la seule vérité… N’y a-t-il pas dans cette figure à la moralité ambiguë un peu grossière quelque chose de désuet? Sur le point d’être quitté par une épouse «trop exemplaire pour lui», ce dragueur impardonnable – mais pardonné: ah, les hommes, tous les mêmes! – fait en revanche preuve d’une droiture exemplaire lorsqu’il s’agit de lutter contre la peine capitale et, par extension, contre le racisme qui sévit dans la justice américaine.

Si Clint Eastwood se donne un coup de jeune (du moins sur le plan sexuel) avec ce personnage anti-héros héroïque, son engagement paraît bien-pensant et opportuniste plus que novateur. Reconnaissons que le cinéaste avait déjà habilement combattu la peine de mort dans «Impitoyable». Or l’engagement pour la cause noire n’avait jusqu’alors pas forcément de place dans son cinéma, et n’en aura pas non plus par la suite. Spike Lee reprochera même à ce vétéran de Hollywood d’avoir omis de représenter les centaines d’Afro-américains parmi les GIs dans «Mémoires de nos pères» et «Lettres d’Iwo Jiwa»…

Sur le plan formel, «Jugé coupable» ne fait pas non plus preuve d’une grande finesse: c’est souvent lorsqu’il se repend de ses agissements incorrigibles que le Steve Everett se souvient par association d’idées du détail qui peut faire avancer son enquête. Un thriller certes efficace, mais qui ne pêche pas par subtilité…

True Crime
de Clint Eastwood
Etats-Unis, 1999, 2h05