A voir lundi 27 juin à 0h35 sur Arte
L’évolution de la grande ville a largement inspiré les cinéastes d’avant-garde des années 1920 qui, en filmant la métropole, ont fortement contribué au développement de l’art cinématographique. Si «Metropolis» de Fritz Lang est sans doute l’œuvre par excellence de cet engouement, un nouveau courant réunissant photographes et cinéastes s’applique à restituer des images de la ville sur un mode documentaire, contribuant ainsi à l’essor d’un genre. Ce sont trois films majeurs qu’Arte diffuse ce soir: «Manhatta» de Paul Strand et Charles Sheeler, «La Pluie» de Joris Ivens et «Rien que des heures» du cinéaste brésilien Alberto Cavalcanti. Ce dernier signe ainsi son premier film, un moyen-métrage de quarante-cinq minutes synthétisant vingt-quatre heures de la vie parisienne entre esthétique moderniste et contenu social, dévoilant des ouvriers au travail, des scènes de la vie quotidienne et des plans de la ville, de ses rues et monuments. Son style expérimental – prises de vues non-figuratives, saynètes absurdes, surimpressions, etc – n’est pas sans rappeler la signature impressionniste de Marcel L’Herbier ou Louis Delluc, auprès desquels Cavalcanti a fait ses armes après des études d’architecture et de droit à Genève. En 1926 «Rien que des heures» fait figure de précurseur, puisque l’année suivante le réalisateur collabore avec Walter Ruttmann pour son célèbre «Berlin, symphonie d’une grande ville», qui restitue des vues inédites de la capitale allemande. Après ce premier film, Cavalcanti poursuit une carrière aussi riche qu’insaisissable entre la France, la Grande-Bretagne et le Brésil, réalisant par alternance des films d’avant-garde et des œuvres plus commerciales. Un film rare!
de Alberto Calvacanti
France, 1926, 45 min.