You Will Die at 20

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Né à Dubaï, le réalisateur soudanais Amjad Abu Alala a passé son adolescence dans son pays d’origine, avant de vivre en exil aux Emirats arabes unis. Après avoir signé plusieurs courts-métrages très remarqués dans les festivals, dont «Studio» en collaboration avec Abbas Kiarostami, il livre aujourd’hui son premier long-métrage de fiction, «You Will Die at 20», déjà primé à Venise où il a reçu le Lion du Meilleur premier film, et qui vient d’être récompensé au Festival International de Films de Fribourg 2020 (FIFF).

Inspirée d’une nouvelle de l’écrivain Hammour Ziada, qui relate l’existence d’un enfant promis à une mort précoce en raison de croyances absurdes, l’histoire se déroule au Soudan, dans la province musulmane d’Al Jazirah. Lors de sa cérémonie de naissance, le petit Muzamil est victime d’une malédiction: le calife local annonce à sa mère Sakina qu’il mourra le jour de ses vingt ans.

Tandis que son père ne peut supporter le poids de cette nouvelle et fuit à l’étranger, Sakina l’élève comme s’il allait disparaître à l’heure dite. De son côté, Muzamil grandit en se vouant corps et âme à l’apprentissage du Coran, jusqu’à sa rencontre avec un ancien cinéaste, le seul qui ose remettre en cause la toute-puissance de la prophétie… Emporté par une magnifique musique écrite par Amine Bouhafa (le compositeur de «Timbuktu»), «You Will Die at 20» suit au premier abord le périple initiatique plutôt simpliste de son personnage en quête du père qu’il n’a pas eu. Un jeune homme privé d’avenir par avance.

Au fur et à mesure que s’ajoutent des scènes oniriques et symboliques aussi inquiétantes qu’esthétiques, le récit prend pourtant une ampleur inédite, décrivant avec acuité les enjeux d’une société enfermée par une morale religieuse à la botte de ceux qui détiennent le pouvoir et l’argent. Dédié à toutes les victimes de la guerre civile, le film dépasse alors son histoire et s’impose comme une superbe allégorie du Soudan et Sud-Soudan marqués par la terreur, déchirés par la dictature et les milices assassines. Et cela résonne d’autant plus fort que de sublimes images en Super 8 font miroiter la paix et la liberté en ouvrant une fenêtre sur le monde par écran interposé!

de Amjad Abu Alala
Soudan/France/Egypte/Norvège/Allemagne/Qatar, 2019, couleur, 1h42