Yol

de Serif Gören et Ylmaz Güney |
avec Tarik Akan, Serif Sezer, Halil Ergün, etc. |

    yol_WEB

    Enfermé pour dix ans dans une prison turque — pour délit d’opinion —, Ylmaz Güney a dû réaliser «Yol» à distance, en donnant ses indications à Serif Gören qui en contrôlait la mise en scène sur le terrain. Malgré cela, les deux cinéastes ont su maîtriser le film de bout en bout, et en faire l’un des témoignages les plus denses et sincères sur la société turque contemporaine, obtenant même la Palme d’or à Cannes en 1982. Ayant purgé les deux tiers de leur peine, quelques détenus de prisons turques ont droit à une permission. A cette occasion, chacun entend profiter de ces brefs instants de liberté pour rattraper plusieurs années de vie perdue; mais, comme si les traditions les enfermaient de nouveau, la plupart d’entre eux va user de cette liberté pour respecter (ou faire respecter) les règles de son propre monde: l’un doit tuer sa femme adultère, un autre doit épouser la veuve de son propre frère même s’il ne l’aime pas, un troisième manque de se faire lyncher pour avoir fait l’amour dans un train. «Yol» donne ainsi de la société turque contemporaine — et plus particulièrement de la famille — une image fortement critique. Les cinéastes montrent un peuple asservi, soumis à une armée toute puissante, prisonnier de carcans forgés par des coutumes aliénantes(religieuses essentiellement): pouvoir absolu de l’homme sur la femme, culte de l’honneur et de la famille, puissance du clan et du patriarcat, intolérance sexuelle, etc.

    Turquie, 1981, couleur, 1h51; programme n°28