Vier Minuten

de Chris Kraus
avec Hannah Herzsprung, Monica Bleibtreu, Sven Pippig, Richy Müller, Jasmin Tabatabai, etc.


Depuis une dizaine d’années, une nouvelle génération de cinéastes fait subir au cinéma allemand une véritable cure de jouvence. Après «Das Leben der Anderen», le moment est venu de découvrir «Vier Minuten» («4 minutes»). Pour son deuxième long-métrage, le réalisateur Chris Kraus, venu du journalisme, se tourne à nouveau vers le drame psychologique en mettant en scène la rencontre poignante de deux personnages que tout oppose, en apparence. La photographie peu apprêtée du film convient particulièrement à l’histoire de Jenny (Hannah Herzsprung), jeune fille agressive incarcérée pour meurtre dans une prison pour femmes. Sans amis et sans famille pour lui rendre visite, renfermée et victime de ses pulsions autodestructrices, elle n’a aucune idée de ce qui la pousse à faire de la musique. La très rigide professeur Traude Krüger (Monica Bleibtreu), qui enseigne le piano aux détenus depuis plus de soixante ans, découvre que Jenny a un don et décide de la préparer pour le concours d’entrée au Conservatoire. Quatre minutes suffiront-elles à Jenny pour réaliser ce dont, pas même sa professeur, ne la croit capable?

Présenté dans une ribambelle de festivals internationaux, «Vier Minuten» a remporté de nombreux prix d’importance, comme celui du Public au dernier festival de Berlin ou ceux de Meilleur film à Toronto, Shangaï et Reykjavik. Et pour cause! Le cinéaste montre avec réalisme le rapprochement étonnant de ces deux femmes solitaires et à priori très différentes. Les morceaux de Mozart, Bach, Schumann et Schubert, réinterprétés par la jeune et très prometteuse compositrice Annette Focks, traduisent leur enfermement et leurs troubles: pour enseigner avec une telle obstination en prison ou y entrer pour meurtre, il faut nécessairement être un brin névrosé. Et celle qui l’est le plus n’est pas forcément celle que l’on pense…
2006, Allemagne, couleur, 1h52, programme n°144