Un Monde injuste!

Programme n°233 |

Du 10 janvier au 18 février, Passion Cinéma présente huit longs-métrages inédits qui interrogent chacun à leur manière le thème de l’injustice. Et le cinéma de nous rappeler que les inégalités et les jugements arbitraires hantent toujours notre monde, dans les tribunaux comme en dehors…

Un monde injuste!

Amplifié par les réseaux sociaux, qui autorisent quiconque à s’exprimer aux yeux du monde, le sentiment d’injustice a le vent en poupe. La complexité inhérente à l’acte de juger devrait pourtant nous incliner à la prudence. A l’inverse, il paraît essentiel de sauvegarder ce sentiment, ferment d’espérance en une vie meilleure et pierre angulaire de tout progrès social, si tant est que l’on accrédite encore l’idée que l’être humain progresse…

Un genre en soi

Dans les années 1950, le réalisateur français André Cayatte, avocat au barreau de Paris, rêvait «de faire de la salle de cinéma une cour d’appel». Une noble ribambelle de films dits «de prétoire» ou «de procès» ont alors fait florès, se vouant à corriger et réparer l’injustice, au point de constituer un véritable genre cinématographique notifié dans les encyclopédies spécialisées. Songeons seulement à des œuvres comme «L’Invraisemblable Vérité» (1956) de Fritz Lang, «Douze Hommes en colère» (1957) de Sydney Lumet, «Autopsie d’un meurtre» (1959) d’Otto Preminger, ou encore le fascinant «Mystère von Bülow» (1990) de Barbet Schroeder.

Films à la barre

Pour son premier cycle de l’année, Passion Cinéma a choisi huit titres inédits liés chacun à leur manière au thème de l’injustice. Y figurent deux films de prétoire à proprement parler: «La Voie de la justice» du réalisateur américain Destin Daniel Cretton, qui décrit le système judiciaire de son pays gangrené par le racisme, et le remarquable «La Fille au bracelet» de Stéphane Demoustier, procès à charge de la jeune génération.

Me too de la partie

Les autres films au programme sortent du tribunal pour cerner sur le terrain le sentiment d’injustice et ce qui l’engendre: le racisme encore et toujours («Queen & Slim» de Melina Matsoukas), l’impunité masculine («Scandale» de Jay Roach), le joug patriarcal («Un Divan à Tunis» de Manele Labidi et le bien-nommé «Adam» de Maryam Touzani)… Enfin, le très attendu «1917» de Sam Mendes interroge en creux la notion de sacrifice, tandis que l’ovni cinématographique «Viendra le feu» de Oliver Laxe exprime toute la difficulté, voire l’impossibilité, de porter un jugement sur une femme ou un homme qui n’adhère pas à la règle… Faites entrer les accusé·e·s!

Vincent Adatte