Silence

Oscars 2017, en compétition |
de Martin Scorsese
avec Andrew Garfield, Adam Driver, Liam Neeson, etc.

Né en 1942 de parents d’origine sicilienne, Martin Scorsese a vécu toute son enfance dans le quartier new-yorkais de Little Italy. Il est alors marqué par un double désir dont l’aspect contradictoire le travaille: aspirant à devenir prêtre, il est aussi fasciné par le milieu mafieux et ses caïds. Fréquentant dès 1960 la New York University, Scorsese s’inscrit aux cours de cinéma et trouve dès lors le moyen de résoudre le conflit qui le ronge. En tournant des films, il parvient tout à la fois à réconcilier ses tendances «spirituelles» et «délinquantes», à combler son besoin de métaphysique (en «révélant» la réalité) et à assouvir son désir d’action et de reconnaissance (en faisant de cette réalité «révélée» un spectacle dont il est l’auteur). Au cours de son étincelante filmographie, cet immense cinéaste a nettement privilégié les mauvais garçons, à l’exception de «La Dernière Tentation du Christ» (1988) notamment, et du très attendu «Silence», un projet qu’il porte en lui depuis plus de vingt ans.

Son vingt-quatrième long-métrage raconte le voyage très périlleux de deux prêtres jésuites qui, au XVIIe siècle, s’emploient à retrouver leur mentor, parti au Japon pour y enseigner le christianisme, une religion décrétée illégale dans tout le pays… Adapté du roman de Shūsaku Endō, un écrivain japonais de confession catholique, ce thriller contemplatif invite, dans le contexte du Japon médiéval, à une réflexion nuancée sur la foi et ses dérives obscurantistes. Jamais manichéen, Martin Scorsese relate le sort cruel réservé aux prosélytes chrétiens sans pour autant condamner les valeurs philosophiques de leurs inquisiteurs bouddhistes, atteignant ainsi une forme de résignation, puis de communion, aussi silencieuse que salvatrice. Et Scorsese de réussir son œuvre la plus apaisée à ce jour!
Etats-Unis / Mexico / Taïwan, 2016, couleur, 2h41, programme n°210