Shooting Dogs

En première vision
de Michael Caton-Jones


Le cinéaste anglais Michael Caton-Jones souffre sans doute d’un dédoublement de la personnalité. Quelques mois avant de réaliser à grands frais la suite lamentable de «Basic Instinct», ce réalisateur atypique s’en est allé tourner au Rwanda un film essentiel sur le génocide qui, entre 1990 et 1994, causa la perte de centaines de milliers d’innocents… Blanc, généreux et idéaliste, Joe Connor (Hugh Dancy) enseigne à l’Ecole technique de Kigali, un établissement dirigé par le Père Christopher (John Hurt).

Impuissants, ils vont assister au massacre perpétré par les Hutus sur la minorité Tutsi, tout juste bons à tirer sur les chiens pour les empêcher de dévorer les cadavres (d’où le titre du film). Après avoir recueilli moult réfugiés dans les murs de leur école, les deux protagonistes devront lâchement évacuer les lieux… Avec dix ans de retard (dixit Caton-Jones), «Shooting Dogs» fait la chronique d’une catastrophe annoncée, pointant sans aucune complaisance les responsabilités engagées. Pour mémoire, les casques bleus de l’ONU reçurent pour ordre de ne pas intervenir. A voir les yeux grands ouverts, dans l’espoir (vain) que ne revienne jamais plus ce que le journaliste et écrivain Jean Hatzfeld a appelé «la saison des machettes».
2005, Grande-Bretagne / Allemagne, couleur, 1h45, programme n°136