Shame

Venise 2011, Prix d’interprétation masculine | Toronto 2011, Prix de la critique internationale
de Steve McQueen |
avec Michael Fassbender, Carey Mulligan, James Badge Dale, etc.


Emblématique de son propos, la première séquence du second long-métrage de l’Anglais Steve McQueen commence dans un appartement luxueux et impersonnel, situé non loin de Wall Street. Nu, couché dans un grand lit garni de draps en satin bleu, Brandon (joué par un Michael Fassbender formidable de perdition) nous fixe avec un regard vide, éteint. Il se lève pourtant et va se masturber sous la douche, indifférent aux messages implorants débités par son répondeur. Toute la semaine va être à l’envi, entre masturbations répétées et saillies consommées avec des inconnues dont il ne veut rien connaître, sinon leur cul. Le reste n’a aucune importance, pas même son travail, si ce n’est une scène significative où Brandon assiste placidement à la confiscation de son ordinateur infecté par des virus contractés sur des sites pornographiques. Après cette première partie au vide suffocant, le «sex-addict» se voit soudain offrir la possibilité d’une rédemption, avec l’irruption de sa petite sœur Sissy (Carey Mulligan), chanteuse médiocre, suicidaire et dépressive, mais autrement vivante… Star de l’art contemporain, le réalisateur de «Hunger» (2008) fait sentir à merveille la glaciation lente de son protagoniste, progressivement exténué par son propre corps, dont la demande lui interdit tout rapport autre que physique avec les femmes. Débandant certes, mais d’une justesse de ton imparable!
Grande-Bretagne, 2011, couleur, 1h41, programme n°173