Shadows

de John Cassavetes |
avec Ben Carruthers, Lelia Goldoni, Hugh Hurd, Anthony Ray, etc.


Tourné en 16mm durant près de deux ans à New York, «Shadows» sort en 1960 et est aussitôt considéré comme le manifeste du «cinéma-vérité»… Au grand dam de Cassavetes qui a toujours détesté les étiquettes! La critique vante son caractère improvisé (l’un des traits caractéristiques du «cinéma-vérité»). En regard des films suivants, l’on peut s’interroger sur la part réelle d’improvisation contenue dans ce coup d’essai flamboyant, tant le style inimitable de Cassavetes est déjà là, tout entier! Ainsi, il ne sert à rien d’essayer de réduire le film à un argument (impossible d’écrire que ses films traitent de quoi que ce soit, tout juste peut-on avancer qu’ils suivent des personnages); raconter qu’un jeune homme blanc couche avec une jeune fille sans s’apercevoir qu’elle est noire et la rejette dès lors qu’il prend conscience de sa différence ne donne qu’une bien pâle idée des richesses de «Shadows»… Sur fond de jazz (réellement improvisé par Charlie Mingus en visionnant les images du film en cours de montage), Cassavetes s’efforce déjà d’atteindre à la vie envers et contre le cinéma.
Etats-Unis, 1959, noir et blanc, 1h27; programme n°52