Rubber

Cannes 2010, Semaine de la Critique | Locarno 2010, Piazza Grande
de Quentin Dupieux |
avec Roxane Mesquida, Stephen Spinella, Jack Plotnick, Tara Jean O’Brien, etc.



Compositeur de musique électro réputé (sous le pseudonyme de Mr Oizo), Quentin Dupieux mène en parallèle une sublime carrière de cinéaste «n’importe quoi». Après le bide de «Steak», grand film incompris où il dynamitait de façon superbement suicidaire le duo comique Eric & Ramzy, Dupieux a médité sur la composante temps qui peut tuer net le désir de film du réalisateur quand il constate que cela «prend une heure de déplacer une caméra 35mm»… S’armant d’un appareil photo, le fameux Canon EOS 5D Mark II doté d’une fonction vidéo, il entreprend alors de tourner tout seul son nouveau film en quinze jours, dans la lumière sublime du désert californien, à partir d’un argument qu’il a choisi le plus bête possible. «Rubber» racontera donc l’histoire d’un pneu psychopathe qui se met à rouler de et pour lui-même, faisant exploser la tête de tout ce qui vient se mettre en travers de sa route… Aussi incroyable que cela puisse paraître, le cinéma réussit à se réinventer à partir de cette situation inerte, minimale et ridicule: impliqué par une mise en abyme absurde, le spectateur du film se retrouve à suivre à la jumelle l’épopée criminelle du pneumatique, au mépris de la logique de l’espace cinématographique. Au fil de l’action, le pneu acquiert une présence très troublante, s’anthropomorphise contre toute attente, jusqu’à émouvoir! La puissance du cinéma a encore frappé: c’est à la fois très drôle et inquiétant.
France, 2010, couleur, 1h25, programme n°165