Nymph()maniac 2

A voir en DVD!

Après avoir réalisé en 2011 l’un de ses plus beaux films («Melancholia»), dont il nous gâcha la vision en tenant en conférence de presse cannoise des propos inadmissibles sur les bienfaits d’Hitler, Lars Von Trier s’est retiré la queue entre les jambes en ses studios danois de Zentropa. Il y a alors conçu un nouveau projet, intitulé «Nymph()maniac» qu’il a promu en diffusant à loisir sur le Net ses «premières images», tout en laissant dire qu’il s’agissait d’un porno, histoire de nous mettre en porte-à-faux!

De fait, rien n’est moins vrai, du moins dans la version d’exploitation en salles, laquelle n’est absolument pas pornographique, ni d’ailleurs franchement érotique. En vérité, le nouveau film du réalisateur de «Breaking The Waves» (1996) est bien plus que cela, une œuvre d’une profondeur vertigineuse, mise en scène de façon magistrale et innervée par un humour à froid des plus inconfortables…

Dans une arrière-cour sordide, un vieil homme nommé Seligman (Stellan Skarsgård) trouve une femme gisant sur la pavé, méchamment amochée. Il la recueille et la soigne dans son intérieur miteux et s’enquiert sur les raisons de son état. La jeune femme (Charlotte Gainsbourg) dit s’appeler Joe et avoir mérité son sort , puis se met à lui conter son histoire… Se prétendant nymphomane, elle explique dans le détail la découverte de son pouvoir sexuel destructeur sur les hommes, qu’elle assimile au mal, ce que Seligman s’efforce de démentir en puisant dans sa culture des contre-exemples éclairants.

Von Trier a structuré sa «confession» en 8 chapitres (5 dans le premier «volume» et 3 dans le second) qu’il met en scène avec un brio extraordinaire, jouant du montage en virtuose, notamment dans le chapitre où Seligman compare le trio d’amants de Joe à la forme polyphonique du «cantus firmus» tel qu’il a été sublimé par Bach. Sans oublier, la manière fascinante dont le cinéaste s’identifie à sa protagoniste qui, s’estimant trop toxique pour autrui, en tirera toutes les conséquences dans le «volume 2», beaucoup plus sombre, plus sexe et noire, mais tout aussi profond et radical. En résulte un génial film-fleuve d’auteur, plus intellectuel et psychanalytique que pornographique, qui dédramatise la sexualité à tout âge et défie l’intolérance crasse avec finesse!

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Potemkine