Moscow, Belgium

Cannes 08, Semaine de la critique
de Christophe Van Rompaey
avec Barbara Sarafian, Jurgen Delnaet, Johan Heldenbergh, Anemone Valcke, etc.



Souvent taxé d’académisme, le cinéma belge néerlandophone voit aujourd’hui une émergence de jeunes auteurs passionnants qui mettent heureusement à mal cette mauvaise réputation, sans pour autant se couper du grand public. En témoignent les 1’834’000 spectateurs flamands qui ont plébiscité le premier long-métrage de Christophe Van Rompaey… Située à Moscow, un quartier populaire de la banlieue de Gand, cette comédie sentimentale nullement misérabiliste commence sur le parking d’un supermarché comme il en existe des milliers de par le monde. Mère de famille épuisée en instance de divorce, Matty percute avec sa voiture un poids lourd. S’ensuit une vive altercation, émaillée de divers noms d’oiseaux, avec le jeune chauffeur crevé du camion, qui l’a traitée imprudemment de mémère. Contre toute attente, cette engueulade va déboucher sur une idylle très peu convenue. Alors qu’elle se croyait condamnée à une solitude percluse de mélancolie, notre quadragénaire renoue avec les élans du cœur, malgré la différence d’âge. Vraisemblablement allergique à l’eau de rose, le réalisateur Christophe Van Rompaey traite sa romance sur le mode écorché, se gardant bien d’idéaliser les sans-grade cabossés qui en sont les antihéros, certes parfois bien peu amènes, mais si attachants dans leur vaine quête de normalité. Tourné en majeure partie entre une barre d’HLM guère jouasse et une bretelle d’autoroute peu engageante, ce premier film est une manière d’antidote lucide contre le désenchantement et la résignation. En mère tour à tour dépitée, bafouée et terriblement charnelle, l’actrice Barbara Sarafian est stupéfiante de justesse, une révélation!
AANDRIJDING IN MOSCOU, Belgique, 2008, couleur, 1h42, programme n°156