Mirage de la vie

A voir samedi 23 mai 2015 à 08h25 sur RTS Un |

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Né en Allemagne en 1897, Detlef Sierck fut d’abord metteur en scène de théâtre, avant de devenir cinéaste et de mettre à profit son sens inné de l’espace et de l’ellipse. Il quitte l’Allemagne pour les Etats-Unis à l’arrivée des nazis et se rebaptise Douglas Sirk. Prince du mélodrame à l’hollywoodienne, protégé de la Universal, Sirk se montre extrêmement doué pour faire apparaître les tragédies avec une splendeur incomparable et, ainsi, ne recule devant aucun artifice fictionnel, aucun coloris, aucun excès pour atteindre les sentiments qu’il veut décrire.

Afin de se consacrer entièrement à sa carrière, l’actrice en devenir Lora Meredith confie sa fille Susie à Annie, une nourrice noire elle-même maman d’une petite Sarah Jane, dont la couleur de peau est blanche. Au contact de ces deux femmes blanches, cette dernière s’éloigne de plus en plus brutalement d’Annie, qui n’est que dévouement et bonté de cœur, tandis que Lora Meredith grimpe rapidement les échelons de la gloire, acceptant tous les rôles, si ce n’est celui de mère…

Remake de «Images de la vie» (1934) de John Stahl, «Mirage de la vie», lui-même adapté d’un roman de Fanny Hurst, marque la fin de la carrière hollywoodienne de Douglas Sirk, qui, épuisé par les contraintes et le fonctionnement de l’industrie du cinéma américain, brise son contrat avec Universal pour rentrer en Europe. Le film gravite autour d’archétypes de Blancs et de Noirs pour toucher à l’idée plus large de conscience sociale, ici incarnée par des personnages bercés d’illusions, incapables de cerner la vérité de leur existence. Partant, Douglas Sirk livre une intrigue à la simplicité trompeuse, où la vie s’apparente à une succession de faux-semblants. Mélodramatique, pessimiste, cruel et sublime.

Imitation of Life
de Douglas Sirk
Etats-Unis, 1959, 2h05