Megamind

A voir vendredi 19 mai 2017 à 18h45 sur Gulli |

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Du temps de l’oncle Walt, pareil renversement des valeurs aurait été tout simplement inimaginable. Le bon Disney tardant fâcheusement à renaître de sa cryogénisation post-mortem, des malandrins œuvrant à Hollywood n’hésitent plus à appliquer aux films d’animation destinés «aux familles» le fameux adage hitchcockien énonçant que «plus est réussi le méchant, meilleur est le film». Pour preuve, la dernière création des Studios DreamWorks, auxquels nous devons déjà les exploits «fétides» du géant Shrek, est entièrement dédiée à confirmer cette maxime contre-nature!

Pour leur éviter une mort certaine, deux charmants bambins extraterrestres sont envoyés illico presto par leurs géniteurs sur notre planète. Devenu adulte, le très mal nommé Megamind endosse le rôle du méchant, tandis que son alter ego Metro Man fait merveille dans le rôle du justicier invincible. Ces deux battants se disputent dès lors à longueur de journée la suprématie de la ville de Metro City, jusqu’au jour où Megamind réussit à envoyer ad patres son adversaire de toujours. Prenant le pouvoir avec délectation, le super méchant connaît alors un désœuvrement fatal qui le fait sombrer dans une profonde dépression, au point de se créer un nouvel adversaire, Titan, pour le combattre à loisir. Problème, le super héros interprète son rôle de «gentil» de manière très agressive, bafouant le manichéisme qui prévaut pourtant pour ce genre de duel…

Même s’il est loin d’atteindre la qualité poétique des «Indestructibles» de Pixar, le film de Tom McGrath apparaît cependant comme une savoureuse parodie des films de «super héros», crépitant de références cinématographiques, dont quelques emprunts au mythique «Roi et l’oiseau» de Paul Grimault. Soit dit en passant, le véritable concurrent de Megamind n’est pas du tout Titan, mais Gru, l’autre super vilain «cartoonesque» du moment, dont le film est encore à l’affiche («Moi, moche et méchant»). Il est étonnant de constater combien ces deux superproductions formatées «jeune public» tablent ouvertement sur l’inversion des valeurs constatées ci-dessus. Autre point commun, la projection stéréoscopique ne leur apporte pas grand-chose, sinon deux ou trois effets déjà connus.

de Tom McGrath
Etats-Unis, 2010, 1h35