de Martin Scorsese |
avec Robert De Niro, Nick Nolte, Jessica Lange, Juliette Lewis, Joe Don Baker, Robert Mitchum, Gregory Peck, etc.
«Cape Fear» (mal traduit en français par «Les Nerfs à vif») est le remake contemporain d’un thriller réalisé en 1962 par Jack Lee Thompson, avec Gregory Peck et Robert Mitchum (que Scorsese a ici repris dans de brillants seconds rôles). Un médiocre avocat sans histoires se retrouve soudain face à Max Cady, l’un de ses anciens clients à peine sorti de prison… celui-ci, convaincu d’avoir été injustement condamné, ne veut plus qu’une chose: prendre la vie de celui qui, pense-t-il, la lui a volée. A l’évidence, la figure méphistophélique de Max Cady (Robert de Niro) tient du symbole: à la fois bourreau et victime, martyr portant les stigmates d’une justice aveugle. L’avocat (Nick Nolte) s’en lave les mains tel Ponce Pilate. Et alors qu’il devrait être le héros (comme il l’était dans le film d’origine), il se révèle ici plus pâle, plus lâche que prévu. Offrant au spectateur son lot de violence, de terreur et de happy end, Scorsese le place alors dans l’obligation de prendre parti pour ce «pauvre» (et malhonnête) avocat, jusqu’à souhaiter profondément que celui-ci tue Cady. Ce faisant, le spectateur se retrouve en quelque sorte coincé dans ses désirs ou ses pulsions d’agressivité par la mise en scène et la dramaturgie. Le cinéaste prouve ainsi au spectateur qu’il a subi une impressionnante manipulation et démontre le pouvoir de la machine cinématographique hollywoodienne sur son regard.
CAPE FEAR, Etats-Unis, 1992, couleur, 2h08; programme n°44
