Les Damnés

de Luchino Visconti |
avec Dirk Bogarde, Ingrid Thulin, Helmut Griem, Helmut Berger, Umberto Orsini, Charlotte Rampling, etc.

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    «Les Damnés» constitue le premier film de la «trilogie allemande» de Visconti, qui rassemble ensuite «Mort à Venise» (1971) et «Ludwig» (1972). Trois films d’Allemagne dont le leitmotiv est, plus encore que dans les œuvres précédentes de Visconti, la confession autobiographique masquée. Visconti décrit ici le déclin d’une grande famille d’industriels allemands au moment de la montée du nazisme, comme «une adaptation des Buddenbrock de Thomas Mann, ou une vision moderne de Macbeth». L’Histoire — ici l’ascension de Hitler, l’extermination des SA, la destruction de la démocratie par le fascisme — n’est jamais un décor: elle est saisie de biais, créant une pression sur les personnages d’autant plus forte qu’elle est extérieure au champ, silencieuse (comme l’arrivée des SS à l’aube de la Nuit des longs-couteaux). Visconti explore ici un processus de décomposition qui mine les milieux décrits, les assombrit et les rend opaques. A l’abomination des damnés fait pendant l’aveuglement du musicien de «Mort à Venise», le pourrissement de la famille du professeur dans «Violence et passion»; un processus qui conduit à la soif de meurtre et de suicide, au besoin d’oubli et de mort. Car ces aristocrates «ne sont pas seulement en passe d’être ruinés; cette ruine qui approche n’est que la conséquence d’un passé disparu, qui survit dans les fastes de leur propre abomination, les aspire au fond, leur retirant toute force à mesure qu’ils s’enfoncent».

    LA CADUTA DEGLI DEI, Etats-Unis / Italie, 1969, couleur, 2h30; programme n°31