Les Cerfs-volants de Kaboul

de Marc Forster |
avec Khalid Abdalla, Atossa Leoni, Zekiria Ebrahibi, Ahmad Khan Mahmoodzada, etc.

Marc Forster est certainement l’un des cinéastes suisses les plus curieux du moment. Alors qu’il prépare le prochain James Bond, le voilà qui s’entiche de comédiens novices, tourne en langue persane, allant à l’encontre des contraintes et des schémas hollywoodiens. Dans la Kaboul cosmopolite des années septante, Amir et Hassan, deux jeunes garçons liés par une grande amitié, participent au traditionnel concours de cerfs-volants. Quand l’un est victime d’une terrible agression, l’autre ne fait pas le moindre geste pour le sauver… Après l’invasion soviétique, Amir s’exile en Californie. Taraudé par la culpabilité, désireux de se racheter, il retournera pourtant dans son pays natal… Adapté du roman de Khaled Hosseini, écrivain américain d’origine afghane, «The Kite Runner» virevolte de manière vertigineuse au-dessus de Kaboul, à la façon des cerfs-volants des jeunes protagonistes. Très loin des images de dévastation relayées par les médias, Forster révèle cette ville martyrisée sous des atours surprenants et en fait le cadre d’une histoire dont les thèmes, la trahison et le pardon, restent universels.

Sans évoquer le 11 septembre et en nous épargnant le discours américain bien pensant, le réalisateur montre un autre visage de l’Afghanistan, tout en se faisant le chroniqueur avisé de son histoire récente. Grâce à une adaptation limpide d’un livre à la construction temporelle complexe, Forster redonne la primauté à l’espace pour en faire ressentir toutes les vibrations (historiques, culturelles, sociales). Excellent directeur d’acteur, il tire aussi des trésors de ses comédiens inexpérimentés… Décidément, le réalisateur du merveilleusement dépressif «Finding Neverland» surgit toujours là où on ne l’attend pas!
THE KITE RUNNER, Etats-Unis, 2007, couleur, 2h09, programme n°146