Le Temps de l’amour

IRAN
de Mohsen Makhmalbaf |

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Réalisé en Turquie pour cause de censure, interdit ensuite, ce film n’a pu sortir d’Iran qu’au printemps dernier. C’est que Mohsen Makhmalbaf, l’un des plus grands cinéastes iraniens avec Abbas Kiarostami, s’attaque à un «sacré» interdit (et qui plus est non sans humour): l’adultère. Un homme brun apprend de la bouche d’un vieillard qui passe ses journées dans un cimetière que sa femme, Gazale, le trompe avec un homme blond. Le mari tue l’amant. Au tribunal, le mari est condamné à mort; et Gazale, désespérée, se suicide. Mais ce n’est là que le premier épisode de ce récit-gigogne. Car le film continue et reprend l’histoire au début. Cette fois, le mari est l’homme blond (plutôt beau) et l’amant l’homme brun (plutôt moche). L’histoire se déroule (presque) de la même façon, à quelques variantes près. Puis l’histoire recommence, une troisième fois. Mais ici l’homme brun renonce à tuer son rival qui finit par épouser Gazale. Cette admirable variation sur l’amour constitue ainsi une étude sur la justice (capricieuse), les règles de la morale (instable) et un jeu impertinent sur les codes de la fiction.
NOBÂT E ASHÉGI, 1990, 1h15, couleur; programme n°45