Le Royaume interdit

de Rob Minkoff
avec Jackie Chan, Jet Li, Michael Angarano, Li Bingbing, etc.



En 1986, John Carpenter se montrait visionnaire en réalisant pour la Fox «Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du mandarin». Malgré ses qualités, le film connut un flop retentissant, alors qu’il constituait l’exacte métaphore du recyclage époustouflant dont Hollywood allait se rendre coupable vis-à-vis du cinéma made in Hongkong. Deux décennies plus tard, le film de Rob Minkoff rend indirectement hommage à l’anticipation géniale du réalisateur de «Los Angeles 2013»… Fanatique de kung-fu et de cinéma hongkongais, le jeune Jason (Michael Angarano) rêve souvent du Roi Singe, figure emblématique de la mythologie chinoise. Un jour, le voilà qui déniche dans une boutique de Chinatown, une canne ornée d’un singe en bronze. Sa trouvaille le catapulte au temps de la Chine ancienne et il devient vite l’enjeu d’un conflit bondissant qui le dépasse…

Marié à une Chinoise, le réalisateur du «Roi Lion» et de «Stuart Little» réunit pour la première fois à l’écran les deux plus grandes stars hongkongaises, Jackie Chan et Jet Li. Exceptionnelle, cette rencontre prend des allures de requiem pour un genre mortellement atteint par les menées du tout numérique. Né en 1954, dans l’ex-colonie anglaise, de parents qui ont fui leur province de Shandong, en Chine populaire, Chan entre à l’âge de 7 ans à l’Académie dramatique où il s’entraîne 19 heures par jour. A 17 ans, il est engagé par les Shaw Brothers et entreprend une carrière qui va prendre un tour international, devenant à ce jour l’un des rares acteurs chinois à connaître un succès mondial. Admirateur de Buster Keaton, il confère à ses évolutions une dimension burlesque. Né en 1963 à Pékin, orphelin, Jet Li apprend le wu-shu, un art martial acrobatique, dont il devient l’un des champions. A l’âge de 11 ans, il en fait une démonstration à La Maison Blanche, devant Richard Nixon. Avec Chan, en moins romantique, Li a contribué à cette osmose unique entre le cinéma et les corps, typique du cinéma de Hongkong, que l’on ne retrouvera sans doute plus, effets spéciaux obligent!
THE FORBIDDEN KINGDOM, Etats-Unis, 2008, 1h57, couleur, programme n°151