L’Autre Côté de l’espoir

Jeudi 14 janvier à 23h15 sur RTS 1

Auteur d’une œuvre d’une valeur humaine inestimable, le Finlandais Aki Kaurismäki a fait savoir qu’il ne ferait plus d’autres films après «L’Autre Côté de l’espoir». En découvrant son vingtième et hélas peut-être dernier long-métrage, le spectateur éprouvera un immense sentiment de perte, tant ce film dénué de tout pathos procède de la plus grande nécessité. Habitant Alep, un jeune Syrien a fui la guerre, après avoir perdu toute sa famille, à l’exception de sa sœur, dont il ignore ce qu’elle est devenue. Arrivé dans une ville de Helsinki très peu hospitalière, Khaled voit sa demande d’asile rejetée, sous le prétexte que la situation en Syrie reste stable. Eludant son renvoi, il croise la route de Wikström, qui vient de quitter sa femme et de liquider son petit commerce de chemises amidonnées pour acheter un restaurant pitoyable…

Avec cet humour sec et grave qui n’appartient qu’à lui et en fait l’un des plus grands cinéastes burlesques cachés, le réalisateur du «Havre» enclenche alors une chaîne de solidarité dont les maillons n’ont rien de glamour: petits employés, vieux déclassés, bras cassés, marginaux… toutes et tous s’emploient à aider le proscrit qui n’a commis aucun acte répréhensible, sinon de naître au mauvais endroit. Flanqué de sa troupe d’actrices et d’acteurs aux trognes toujours aussi peu formatées, s’accompagnant des sublimes chansons chagrines qui émaillent souvent ses films, Aki Kaurismäki réussit à faire naître un mystérieux sentiment d’empathie nous enjoignant à ne pas céder face à l’égoïsme et l’amertume. Il y a quelque chose de profondément «chaplinien» dans sa manière de restituer noblesse et dignité à ses personnages, sans pour autant les sanctifier.

Toivon tuolla puolen / The Other Side of Hope
de Aki Kaurismäki
Finlande/Allemagne, 2017, 1h35