La Solitude des nombres premiers

Adapté du best-seller éponyme de Paolo Giordano, «La Solitude des nombres premiers» de Saverio Costanzo figure de façon bouleversante la douleur originelle de l’enfance, celle qui laisse des traces sur toute l’existence. Liés par des traumatismes qu’ils gardent enfouis, Mattia et Alice se rencontrent à l’adolescence. Anéanti pour avoir commis l’irréparable malgré lui, il est mutique. Victime d’un accident dont elle porte les stigmates, elle est anorexique. A la fois indivisibles et solitaires, ces deux «nombres premiers» n’osent se livrer l’un à l’autre… Bâti sur trois périodes de la vie de ces deux écorchés vifs – l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte –, «La solitude des nombres premiers» se déroule dans les années quatre-vingt, nonante et deux mille. A chaque époque, Saverio Costanzo plaque une musique stridente, du synthé ou de la techno, sur une photographie pop aussi saturée qu’inquiétante. Suivant les moments-clés de ses personnages, il montre leurs métamorphoses physiques et leurs angoisses: humiliations à l’école, automutilations, embarras en public, etc. En parallèle, il révèle leur plus profond trauma par le biais de flashs-back cauchemardesques. De façon aussi novatrice que référentielle, «La solitude des nombres premiers» traite donc de l’existence sur un mode quasi fantastique, dont les procédés et le style évoquent Brian De Palma ou David Cronenberg, voire Dario Argento. En résulte un film fort qui exprime de façon inédite les meurtrissures filiales et la cruauté crasse des enfants à l’égard de ceux qui sont différents.

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