Kika

de Pedro Almodóvar |
avec Verónica Forqué, Peter Coyote, Victoria Abril, Alex Casanovas, Rossy de Palma, etc.

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Les personnages du film composent un puzzle vivant de genres cinématographiques (le polar, le fantastique, la comédie, le psychodrame et le porno) articulé autour de Kika, seul être — naïf, innocent et victime — à n’appartenir à aucun «genre» et à les traverser tous, à la recherche d’un sens à sa vie. Pedro Almodóvar signe ici un film volontairement fragmenté, qui porte en lui-même, de façon visible, les stigmates de son sujet: le combat entre la télévision et le cinéma. Victimes de ce combats, tous les personnages (sauf Kika) sont mutilés, marqués par la vie; et celle par qui le scandale arrive, s’appelle justement Andréa «la balafrée». Caméra vivante, Andréa anime un «reality show» des plus infâme, où elle donne en pâture aux téléspectateurs les images les plus crues de la vérité toute nue. Mais cette vérité-là, comme le cinéaste le démontre, ne peut être que relative: et Kika devra avouer, à la fin, qu’elle a «besoin d’un peu d’orientation» pour se guider dans ce moderne monde-collage d’images sans fonction.
Espagne / France, 1993, couleur, 1h54; programme n°41