I Wish

Après la détresse des enfants abandonnés de «Nobody Knows» et celle des parents murés dans le silence de «Still Walking», le nouveau film du cinéaste japonais Hirokazu Kore-Eda constitue un véritable trésor, à la fois mélancolique et plein d’espoir, qui nous fait renouer avec l’esprit d’enfance.

Sur l’île de Kyushu, Koichi et Ryunosuke ont été séparés suite au divorce de leurs parents. L’aîné est parti vivre au sud, à Kagoshima, avec sa mère et ses grands-parents, à l’ombre d’un volcan qui charrie des cendres. Le cadet est resté au nord, à Fukuoka, auprès de son père, un guitariste de rock bohême.

Très liés, Koichi et Ryunosuke espèrent un jour réunifier leur famille. Et l’occasion de réaliser l’impossible se présente lorsque s’ouvre une nouvelle ligne de Shinkansen (le train à grande vitesse japonais). En effet, une superstition voudrait que les vœux soient exaucés lorsque deux rames se croisent à la même vitesse… Ils organisent donc une expédition pour se retrouver, au bon endroit, au bon moment. Alternant entre les deux frères, Kore-Eda décrit d’abord leur quotidien avec un soin du détail envoûtant, de la piscine à l’école en passant par le jardin, et entretient ainsi le suspense de leur réunion au bord des voies ferrées.

Les suivant dans leur candeur enfantine, le cinéaste les en écarte toutefois à mesure que se déroule leur voyage initiatique, au profit d’une prise de conscience emplie d’espérance. Les garçons rappellent alors les «Gosses de Tokyo» (1932) de Ozu, tant ils sont doués d’abnégation. Grâce aux métaphores, «I Wish – Nos vœux secrets» nous montre que les volcans menaçants n’ont plus les faveurs du fatalisme japonais et que le progrès électrique n’est plus synonyme de miracle.

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