Holy Motors

Cannes 2012, en compétition |
de Leos Carax |
Avec Denis Lavant, Kylie Minogue, Michel Piccoli, Eva Mendes, etc.


Boudé à Cannes, mais encensé à juste titre par la critique française, «Holy Motors» fait déjà figure de «chef-d’œuvre maudit» qui bruisse d’hommages au cinéma tant aimé par son auteur. Révélé par «Boy Meets Girl» (1984) et «Mauvais Sang» (1986), coulé par le naufrage des «Amants du Pont-Neuf» (1991), évanoui depuis «Pola X» (1999), Leos Carax revient à lui par le biais d’un film à nul autre pareil! Somnambule en pyjama, le cinéaste ouvre le bal en pénétrant par effraction magique dans une salle de cinéma, où il va continuer de rêver en convoquant onze hétéronymes, soit autant d’incarnations de lui-même, tous joués par Monsieur Oscar (Denis Lavant), acteur protéiforme qui a pour loge une limousine blanche sillonnant les rues de Paris. Avec une aisance sidérante, Lavant devient tour à tour banquier, mendiante étrangère, clochard cannibale, vieillard à l’agonie… De façon inouïe, ce jeu transformiste fait pulser à chaque fois le cœur du septième art, sans compter un faux entracte musical qui restera gravé dans nos mémoires de cinéphiles! Poème cinématographique aux allures spectrales, «Holy Motors» procède du chant du cygne d’un certain cinéma d’auteur, celui-là même dont la France pouvait s’enorgueillir!
France, 2012, couleur, 1h55, programme n°177