Habemus Papam

Cannes 2011, en compétition
de Nanni Moretti |
avec Michel Piccoli, Nanni Moretti, Jerzy Stuhr, Margherita Buy, etc.

Manquant d’inspiration divine, les cardinaux réunis en conclave peinent à élire un nouveau pape. Sommés d’écrire un nom sur un petit carton, ils hésitent, mais tous prient en leur for intérieur: «Surtout pas moi!» Alors qu’il n’était de loin pas favori, un certain cardinal Melville (Michel Piccoli) finit pas être plébiscité. Poussé sur le balcon pour saluer la foule en attente, l’homme s’y refuse. Saisi d’une peur panique, il se dérobe, refuse de tenir le rôle qu’on lui impose pourtant. Appelé à la rescousse, un psychanalyste (Nanni Moretti) entreprend sans divan un merveilleux dialogue de sourds avec le pape qui ne saurait lui ouvrir les portes de son inconscient. «Mieux vaut pas!» tonne un cerbère du Vatican. En désespoir de cause, le psy propose une partie de volley-ball, histoire de ressouder l’équipe en désarroi, alors que son client prend la poudre d’escampette en métro, tandis que sa doublure postée dans sa chambre se goinfre de beignets… Cinq ans après «Le Caïman» qui tirait de manière impressionnante le portrait de Berlusconi, Moretti n’instruit en rien le procès d’une Eglise de toute manière dépassée, mais vise à un propos malicieux et autrement ambitieux. A l’instar de Bartleby, le héros ordinaire de la fameuse nouvelle de Melville, qui «préférerait ne pas», son pape paniqué ne veut juste pas de la place qu’on lui assigne, pressé par la nécessité «de repenser plein de choses de sa vie». C’est aussi simple que cela, mais tellement profond!
France/Italie, 2011, couleur, 1h42, programme n°170