Locarno 2014, Léopard d’argent du meilleur acteur, Prix du Jury œcuménique, Prix du Jury des jeunes
de Yuriy Bykov
avec Artem Bystrov, Nataliya Surkova, Dmitry Kulichkov, etc.
Librement inspiré de «L’Idiot» de Dostoïevski et des innombrables malfaçons architecturales que le comédien et cinéaste russe Yuriy Bykov a pu observer dans sa ville d’origine, «Durak» évoque le combat solitaire de Dima Nikitin contre une société corrompue. Appelé en urgence pour réparer la plomberie d’un HLM peuplé de marginaux, il découvre une brèche importante dans les fondations du bâtiment. Après avoir analysé ce dernier plus en détail, son constat est sans appel: la tour va s’effondrer d’un instant à l’autre.
Pour éviter que ses huit cents occupants ne meurent dans d’atroces souffrances, Dima arpente les longs couloirs en les sommant de sortir, en vain, tant ces locataires sont obnubilés par la boisson, la drogue, le jeu ou la violence. Le jeune homme n’a d’autre choix que de rencontrer les administrateurs de la ville, alors en pleine célébration de l’anniversaire de Madame le maire, pour leur demander d’évacuer le secteur. Entre deux gorgées de vodka, ces derniers acceptent d’écouter Dima, sans pour autant prendre la mesure de la catastrophe à venir…
Troisième long-métrage de son auteur, «Durak» passe au vitriol une bureaucratie russe pourrie jusqu’à l’os. Dans le rôle du Candide intègre et honnête, le personnage de Dima, magistralement interprété par l’acteur Artem Bystrov, se transforme en héros martyr des temps modernes, prêt à sacrifier son propre bien-être pour affronter une société dans laquelle le facteur humain a perdu toute sa valeur. Un duel à armes inégales, aussi nécessaire que désespéré!
L’IDIOT, Russie, 2014, couleur, 1h56, programme n°194
