Dans la maison

Toronto 2012, Prix de la Critique internationale | San Sebastián 2012, Coquillage d’Or |
de François Ozon |
avec Fabrice Luchini, Ernst Umhauer, Kristin Scott Thomas, etc.


Adapté d’une pièce intitulée «Le Garçon du fond de la classe», «Dans la maison» de François Ozon manie avec génie la frontière entre le réel et la fiction. Renouant avec la psychologie et l’atmosphère ambiguës qui ont fait la réussite de «Swimming Pool» (2002) ou «Ricky» (2008), le réalisateur de «Potiche» (2012) nous introduit malicieusement dans la maison d’une famille de la classe moyenne… Germain (Fabrice Luchini) est un professeur de français las de son travail. Ecrivain raté, névrosé et quelque peu dépressif, fatigué des rédactions sans intérêt de ses élèves, il renoue toutefois avec l’imaginaire grâce à l’un d’entre eux, Claude. Bien qu’il préfère les maths au français, ce jeune brun aux yeux bleus et au visage insondable est encouragé par son bon professeur, lequel retrouve ainsi le goût de l’enseignement. Claude se met à écrire les chapitres d’un véritable roman. Germain se délecte en les lisant à sa femme Jeanne (Kristin Scott Thomas). Mais la relation avec l’élève instille un malaise, car il a pris pour sujet les parents petits-bourgeois de l’un de ses amis. Au fil de ses visites, il va faire imploser le couple… comme le jeune homme à la beauté divine du «Théorème» (1969) de Pasolini. Gommant les repères entre réalité et fiction, jouant avec les irruptions du prof dans la maison, François Ozon s’inscrit alors dans une description critique de la normalité, celle d’un père avec ses soucis de boulot, et d’une mère au foyer qui s’ennuie. Ce faisant, le cinéaste décrit aussi les états d’âme des enseignants, les consignes aberrantes de l’Education nationale, sans oublier les stigmates des corrections à l’encre rouge… Passant de l’ironie à l’angoisse, le roman vire au noir!
France, 2012, couleur, 1h45, programme n°178